Nicolas Vincent, capitaine Huron, va réclamer la seignerie de Sillery en Angleterre, le 15 novembre 1824.

M. Noël Brûlard de Sillery, lors de la fondation de la Compagnie de la Nouvelle-France, s'était associé l'un des premiers à cette entreprise coloniale dont le but principal, d'après lui, était l'évangélisation des Sauvages; il y consacra une partie de sa fortune.

Le Père Le Jeune fut chargé de la fondation d'une desserte à quatre lieues de Québec; le terrain donné à cette fin avait une lieue de front en bordure du fleuve et quatre de profondeur. Le Père y bâtit des maisons, un hôpital, un fort et une chapelle; il nomma le nouvel établissement Sillery. En 1645, il comptait 167 âmes.

La concession de la seigneurie de Sillery fut faite aux Sauvages par la Compagnie de la Nouvelle-France, le 3 mars 1651 et elle fut ratifiée par lettres patentes du roi, au mois de juillet de la même année. Les particuliers, qui avaient déjà reçu des concessions comprises dans la nouvelle seigneurie, relevaient du capitaine chrétien des Sauvages.

À l'origine, Sillery avait été peuplé par des Algonquins, mais peu à peu, les Abénaquis les remplacèrent. À leur tour, les Abénaquis abandonnèrent la mission pour se retirer à Saint-François et à Bécancourt. C'est alors que les Jésuites obtinrent, à la date du 23 octobre 1699, un acte de concession en bonne et due forme. Dans cet acte il est dit : "que les Sauvages ont été obligés d'abandonner depuis 10 ou 12 ans pour s'établir ailleurs, tant parce que les terres et cultures y étaient tout à fait usées, que parce que les bois de chauffage, coupés depuis près de 40 ans, se trouvaient beaucoup trop éloignés de leurs demeures...." ... "Pour ces raisons nous avons donné, concédé et octroyé en propre aux dits Pères Jésuites, les dits fief, terre et seigneurie de Sillery...."

C'était donc en se fondant sur la concession de 1651, qui établissait le capitaine chrétien des Sauvages, seigneur de Sillery, que Nicolas Vincent, capitaine Huron à Lorette, se rendit à Londres, pour faire valoir le 15 novembre 1824 ses prétendus droits. Il ne réussit pas dans ses démarches car la nouvelle concession de 1699 aux Pères Jésuites annulait celle de 1651 en faveur des Sauvages.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.