Signature du grand traité de paix de Montréal, le 4 août 1701.

Depuis plus de quinze ans que l'on se battait en Amérique, colons et Sauvages désiraient une paix durable.

M. de Callières profita de ces dispositions pour engager les Iroquois à enterrer la hache de guerre.  Il usa de l'influence des Jésuites et des deux interprètes Joncaire et Le Moyne de Maricourt, le premier adopté par les Tsonnontouans, le second par les Onnontagués, pour amener les Iroquois à envoyer des députés à Québec, en 1700, pour demander la paix.

Le Grand-Conseil de la nation  s'étant réuni à Ganentaha, les Anglais eurent la maladresse d'ordonner aux Iroquois de ne rien décider sans les consulter et de se rendre à Albany pour y entendre la voix de leur père Corlar; cette démarche inconsidérée blessa les Iroquois dans leur fierté et les porta à se rapprocher des Français.  Ils députèrent aussitôt 19 ambassadeurs pour  "renverser la chaudière de guerre et planter l'arbre de la paix".

Courtemanche, habile coureur des bois, entreprit un voyage de 400 lieues pour inviter une vingtaine de nations sauvages de l'ouest à envoyer des représentants à Montréal pour y traiter de la paix, pendant l'été de 1701; il réussit à réunir une flottille  de 180 canots.  Le Jésuite Enjalran accomplit un travail analogue à Michillimakinak, centre d'opération d'un grand nombre de tribus.

Le 4 août 1701, 1,300 Sauvages, représentant toutes les nations en relations d'affaires avec les Français, se trouvèrent réunis à Montréal.  Les principaux chefs firent de longs et solennels discours : ils promirent de rendre les prisonniers, de vivre en paix entre eux, de respecter les territoires de chasse et de reconnaître la supériorité d'Ononthio.

38 chefs signèrent le traité, après la traditionnelle cérémonie du calumet, le gouverneur ayant fumé le premier.  Les Indiens ne connaissant pas l'écriture, ils signèrent le traité en dessinant le totem, symbole de leur nom: le Héron, le Brochet, le Rat, la Tortue, la Mésange etc.  Un grand festin, suivi d'un feu de joie et de décharges de canon clôtura le plus important des traités de paix avec les Sauvages sous la domination française.  Ce mémorable traité. qui fit disparaître pour la Nouvelle-France le péril iroquois; les Iroquois s'engageant à demeurer neutres advenant une guerre franco-anglaise, cela retarda de 60 ans la prise du Canada par les Anglais.

La paix de 1701 est une victoire de la diplomatie française.  Les premiers à souffrir de cette entente sont les marchands de la Nouvelle-Angleterre qui n'ont plus la protection iroquoise dans leurs contacts commerciaux avec l'Ouest.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.