Victoire de Montcalm au fort Oswego, le 14 août 1756.

Si en 1755, les Anglais avaient imposé leur plan de campagne, il n'en fut pas ainsi en 1756 alors que Montcalm prit l'initiative de la lutte.

Arrivé à Québec, le 13 mai 1756, en compagnie de Lévis, Bourlamaque et Bougainville, Montcalm résolut de payer d'audace.
Il préluda à sa glorieuse carrière au Canada par un coup de maître : la prise de Chouaguen ou Oswego.  Ce poste menaçait d'interrompre les communications entre la Nouvelle-France, la Louisiane et les Pays d'en Haut.

Pour tromper Loudon, le commandant en chef des Anglais, qui était campé à Albany avec 8,000 hommes, Montcalm se transporta à Carillon (au lac Champlain) avec 3,000 miliciens.  Puis, laissant le commandement de ces troupes à Lévis, il vola à Chouaguen (Oswego) où l'attendait Bourlamaque et Rigaud de Vaudreuil avec 3,200 hommes, soldats de ligne, Canadiens et Sauvages.  Les ouvrages de défense de Chouaguen consistaient dans les forts George et Ontario, faits de pieux solides et le vieux Chouaguen, redoute en pierres entourée de retranchements.  Le colonel Mercer avait sous ses ordres 1,800 hommes et 145 canons.

Le 10 août, l'armée française débarquait à une demi-lieue du fort Ontario.  Montcalm poussa les travaux d'approche avec tant de rapidité que, dès le 13 août, les Anglais évacuèrent le fort Ontario et se retirèrent à Chouaguen sur la rive gauche de la rivière Oswego.  Rigaud de Vaudreuil, traversant aussi la rivière avec ses Canadiens et ses Sauvages, força les défenseurs du fort George à se replier sur Chouaguen.  Ce dernier fut bientôt investi de toutes parts.  Mercer fut tué, le lieutenant Littleholes le remplaça et réunit le conseil de guerre qui se prononça pour la capitulation.  C'était le 14 août 1756.

Voici comment Montcalm raconta sa victoire à sa mère : "Ils se sont rendus prisonniers de guerre au nombre de 1,780, dont 80 officiers, deux régiments de la vieille Angleterre.  Je leur ai pris cinq drapeaux, trois caisses militaires d'argent, cent vingt-deux bouches à feu y compris quatre-vingt pierriers, un amas de provisions pour 3,000 hommes durant un an, six barques armées et pontées depuis quatre jusqu'à vingt canons."

Montcalm ne perdit que trente hommes tués ou blessés; il fit raser les trois forts et retourna immédiatement à Montréal pour permettre aux miliciens de faire la moisson.

Élie de Salvail, fec,  366 Anniversaires Canadiens, 1929.