Arrivée du gouverneur Denonville, le 29 juillet 1685 et le massacre de Lachine.

Jacques-René de Brisay, marquis de Denonville, successeur de M. de la Barre, arriva à Québec le 29 juillet 1685.  C'était un ancien colonel des dragons.  Envoyé pour réparer les bévues de son prédécesseur, il se montra tout d'abord énergique, entreprenant et fort habile; mais ensuite il commit des impairs inqualifiables envers les Iroquois qui se vengèrent par le massacre de Lachine.

Il fit construire les forts de Niagara et de Detroit, puis soutint les prétentions de la Compagnie du Nord.  Il chargea le chevalier de Troyes d'aller déloger les Anglais de la baie d'Hudson où ils avaient établis des comptoirs er des forts pour trafiquer avec les Sauvages.

À la tête de 30 soldats et de 70 Canadiens, parmi lesquels se trouvaient d'Iberville, de Maricourt et de Sainte-Hélène, de Troyes accomplit une série d'exploits fabuleux.  Le 20 juin 1686, il prenait d'assaut le fort Monsipi. De Sainte-Hélène et d'Iberville surtout s'illustrèrent par leur bravoure, leur intrépidité et leur savoir-faire; ils débutaient avec éclat leur carrière militaire.  Le fort Rupert fut pris par de Troyes tandis que d'Iberville et de Maricourt, montés dans deux canots d'écorce et assistés de quelques hommes, s'emparèrent d'un vaisseau.  Peu après, le fort d'Albany ou Kitchitchouane se rendait aux Français qui se trouvèrent maîtres de la baie de James. 

Sous différents prétextes, Denonville attira les principaux chefs iroquois au fort Frontenac, les fit enchaîner et les envoya en France selon les ordres qu'il avait reçus.  Peu après, Denonville, à la tête de 1,200 soldats et de 500 Sauvages, envahit le territoire des Iroquois, il brûla les villages des Tsonnontouans, détruisit leur récolte de maïs et leurs troupeaux puis se retira.

Le chef huron Kondiaronk, surnommé le Rat, avait tendu un piège aux délégués iroquois et en avait tué plusieurs.  Il rendit le gouverneur responsable de cet attentat. Pour se venger, les Iroquois se réunirent au nombre d'environ 1,400, abordèrent de nuit à Lachine et massacrèrent une centaine d'habitants.  Denonville effrayé crut que tout était perdu.  Rappelé en France, il fut remplacé par Frontenac qui tint tête à l'orage et mena rondement les choses.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.