Arrivée de Lord Durham à Québec, le 27 mai 1838.

John-George Lambton, Lord Durham, naquit en 1792.  Homme intelligent, franc et courageux, il était considéré en politique comme un ardent réformiste.  D'un autre côté, il était passionné, vindicatif et fort irritable.  Quand il partit pour le Canada, tout le monde pensait que cette mission allait faire ou compromettre sa carrière.

Il fut nommé gouverneur en chef du Haut-Canada et du Bas-Canada, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve.  Lord Durham accompagné de sa famille et assisté de six aides-de-camp, arrivait à Québec le 27 mai 1838.

Sa première proclamation contenait ce qui suit : "Dans une province (Québec) les plus déplorables événements ont rendu malheureusement nécessaire la suppression de sa constitution représentative, et le suprême pouvoir m'a été dévolu...   Je vous invite donc à des communications absolument libres et sans réserve.  Je vous prie de me considérer comme un ami et un arbitre prêt en tout temps à écouter vos vœux, vos griefs et parfaitement déterminé à agir avec la plus stricte impartialité."

Durham accorda une amnistie générale aux insurgés, en exceptant huit des plus compromis qui furent déportés aux Bermudes.  Seize chefs de l'insurrection, réfugiés aux Etats-Unis, furent déclarés coupables et il leur fut interdit, sous peine de mort, de rentrer au Canada sans en avoir l'autorisation.  Cette proclamation accueillie avec allégresse au Canada fut désavouée à Londres.  Piqué au vif, Durham donna sa démission et rentra en Angleterre, où il présenta, le 31 janvier 1839, son célèbre rapport sur l'état politique, économique et social du pays.

Pour conserver la colonie à l'Angleterre, il proposa l'union législative des deux Canadas et la création d'un gouvernement responsable.  D'après lui, dans cette union, le groupe français serait bientôt subordonné au groupe anglais, qui avait la supériorité du capital et de l'intelligence.  Il a écrit : "Les Canadiens-français ne sont que les restes d'une ancienne colonisation...  ils ne peuvent concevoir aucun espoir pour leur nationalité...  Ils sont un peuple sans histoire et sans littérature." L'idée maîtresse de Durham était l'anglicisation des Canadiens-français au moyen de l'Union.
Élie de Salvail, fec
(Autre texte sur le même sujet le 31 janvier)