Michaud, Abbé André

Nous avons le regret de vous annoncer le décès de l'abbé André Michaud ('55), décédé le 24 Février 2015 à l'âge de 86 ans. La famille accueillera parents et amis à la chapelle des Appartements du Square Angus à compter de 9h30.    
Les funérailles auront lieu le samedi 7 mars à 10h30 à la chapelle des Appartements du Square Angus  (3300, rue William-Tremblay, Montréal, Qc, H1Y 3P5)

L'abbé Michaud était membre de la Société d'une messe.

Homélie prononcée par Mgr Jude St-Antoine : 

s« Ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la donne ».  Qui a pu dire cette parole de Jésus avec autant de vérité?  Innocent, il aurait pu connaître une mort plus douce.  Mais parce qu'il nous a aimés de l'amour même du Père qui est un amour sans mesure, Jésus est mort comme un pécheur et un criminel.  Aussi, «  sa croix transfigure toute mort qui s'unit à la sienne en vie donnée ».

Aimer vraiment, c'est accepter de se perdre, c'est accepter de mourir.  C'est là une donnée de l'existence humaine.  En cherchant à aimer, à donner et à se donner, l'homme découvre la mort sur sa route. 

Le père et la mère soucieux de conduire l'enfant à la maturité ne peuvent pas ne pas s'oublier, se priver et accepter à chaque instant de mourir un peu, pour faire naître et grandir l'autre, le fruit de leur amour.  La consacrée qui choisit d'aimer Dieu plus que tout, renonce à quelle chose de vital.  Le prêtre qui accepte de se donner à Dieu et au service de ses frères, meurt à lui-même et à ses désirs personnels pour donner à l'autre la vraie vie, la vie de Dieu.

Tous ceux-là renoncent à une partie d'eux-mêmes.  En cela, la croix qu'ils choisissent librement, à la suite du Christ, a quelque chose d'inhumain et d'insensé.  Dans un premier regard, elle est folie.  Dans un second regard, la croix se révèle un accomplissement de soi.  Mais elle ne va pas sans renoncement, sans dépouillement, sans oubli de soi : « Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera ».

C'est la logique de l'amour qui guide Jésus, c'est la vie que choisit le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.  Jésus accepte de se perdre pour nous apprendre la puissance de l'amour et la puissance de l'amour est la seule qui nous permet de vivre vraiment, se désappropriant de soi, se dessaisissant de sa volonté propre, en s'ouvrant totalement aux autres : « le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie pour la multitude ».

Jésus-Christ est vraiment l'homme pour les autres, pour tous les êtres humains qu'il veut conduire au Père : « Père, non pas ce que je veux mais ce que tu veux ». L'abbé André Michaud qui vient de nous quitter, a tenté avec ses faiblesses et ses élans, à partager ses qualités et ses dons, les mettre au service de ses frères et sœurs. À la suite du Christ, le bon Pasteur, il a emprunté le chemin de la croix et de la mort, pour donner la vie, sa propre vie. Tentons d'en découvrir les jalons.

André est né à Sainte-Anne-de-la-Pocatière le 26 avril 1928. Il est le fils de Georgette Provencher et de Joseph-Hospice Michaud. Il fréquente le collège Sainte-Anne et le séminaire de Rimouski.  Il poursuit sa formation théologique à la trappe de Notre-Dame-de-Mistassini et au Grand Séminaire de Montréal. Il est ordonné prêtre le 4 juin 1955 à la cathédrale par le cardinal Paul-Émile Léger.

Nommé vicaire à la paroisse Saint-Albert-le-Grand, le jeune prêtre devient, neuf ans plus tard, aumônier à l'école Régional des Mille-Îles.  En 1970, l'abbé Michaud est nommé curé à la paroisse Saint-Bruno. Après quelques mois de ressourcement à l'institut de Pastorale et au stage de Rome, André devient en 1998 animateur de pastorale à Berthiaume-de-Tremblay. En 2008, il prend sa retraite et réside successivement aux résidences Roger-Marien, Ignace-Bourget et aux Appartements Angus où il décède le 24 février 2015.

En quittant le collège, André, comme bien des jeunes de l'époque, est attiré par la vie contemplative. Il a sans doute, à un moment ou l'autre de son adolescence, fréquenté le Monastère de Mistassini.  Après cinq ans de discernement chez les moines de cette communauté, il quitte la trappe pour une vie plus active.  Ordonné prêtre pour le diocèse de Montréal, il prend tout le temps de se préparer au ministère pastoral en approfondissant ses connaissances bibliques.  Ce précieux support à la catéchèse lui apporte beaucoup de satisfaction.   

Aussi, sent-il, après quelques années en paroisse, le goût de répondre à l'invitation de son évêque, de travailler de plus près avec les jeunes en pastorale scolaire. 

Durant ces années, il exerce un ministère dominical à la paroisse Saint-Bruno où il devait passer trente ans de sa vie, comme curé inamovible. C'est dans ce ministère et à cette communauté, qu'il a donné le meilleur de lui-même. Saint Bruno, titulaire de sa paroisse et fondateur d'une communauté monastique, n'est pas étranger à la dimension spirituelle qu'il a cherché à donner à ses activités et à toute son action pastorale. Plein d'initiatives, attentif à la bonne marche de la construction de son église. Toujours à l'œuvre dans sa tâche de pasteur, est-il estimé et désiré par ses paroissiens qui cherchent à le retenir à sa paroisse.  C'est à regret qu'ils  acceptent de le voir partir pour un ministère plus léger, auprès des personnes âgées, pour qui il déploie encore les fruits de son expérience spirituelle et pastorale.

A la retraite depuis quelques années, l'abbé André Michaud est demeuré lui-même jusqu'à la fin : imperturbable et mystérieux, avec un sens de l'humour bien à lui. Aussi, fallait-il user de la même ruse, du  même astuce pour le deviner et le connaître vraiment. Ce trait de sa personnalité qui pouvait surprendre ne l'a pas empêché de tisser des liens fraternels et d'amitié avec ses proches. C'est dans ce climat fraternel qu'il a passé les dernières années de sa vie, ponctuée par la lecture et la prière. En pensant à toutes ses années où il a cherché à donner et à se donner, à toutes ces heures qui l'approchaient de la dernière heure, l'abbé André Michaud est parti sans faire d'éclat, assuré qu'il n'avait pas vécu pour lui-même, à l'exemple de celui en qui il avait mis toute sa confiance : « ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la donne ». Aimer vraiment, c'est accepter de se perdre, c'est accepter de mourir