M. François-Marie Perrot devient propriétaire de l'île Perrot, le 29 octobre 1672.

M. de Maisonneuve gouvernait Montréal depuis 22 ans, lorsque M. de Mésy voulut s'immiscer dans les affaires civiles et militaires qui relevaient des seigneurs de la région. (voir textes du 5 octobre et du 5 mai pour faits concernant M. de Mésy)
Indigné, M. de Maisonneuve repassa en France en 1665.  Quatre ans après son départ, M. François-Marie Perrot, qu'il ne faut pas confondre avec le célèbre découvreur Nicolas Perrot, fut nommé par le Séminaire de Paris gouverneur de Montréal.

Depuis la fondation de Montréal jusqu'à l'arrivée du régiment de Carignan, la traite des pelleteries fut toujours très active. Champlain avait le premier établi un poste de traite à la pointe à Callières.  Charles Le Moyne et Jacques Le Ber, son beau-frère, les plus riches traitants de la colonie, possédaient un magasin à Montréal et avaient acquis à Lachine, une partie du fief de La Salle pour y établir un comptoir de traite avec les Sauvages.

François-Marie Perrot, neveu de Jean Talon avait réussi à se faire nommer gouverneur de l'île de Montréal; le 17 novembre 1671, les lettres établissant ses titres étaient enregistrées aux archives de Ville-Marie.  Comme tous les gens entreprenants de cette époque, il entendait bien profiter de la traite des pelleteries pour se faire une petite fortune.  Dès 1670, il avait dépêché son lieutenant François de Fresnaye, sieur de Brucy, vers le sud-ouest de l'île de Montréal; il y érigea un poste de traite à la tête d'une île dont Perrot devint propriétaire le 29 octobre 1672 et qui, depuis, porte son nom: île Perrot.  Il aurait fait, paraît-il, jusqu'à 50,000 livres par année au moyen de l'eau-de-vie et des permis qu'il accordait aux coureurs des bois.

Nécessairement le commerce qui devait se faire à Montréal, à Québec ou aux Trois-Rivières se trouva tout particulièrement intercepté par le poste de l'île Perrot.  Frontenac somma le gouverneur de Montréal d'avoir à changer sa manière de faire.  Perrot, pour toute réponse, fit incarcérer Bizard, l'envoyé de Frontenac, chargé d'arrêter un coureur des bois.  Frontenac manda M. Perrot à Québec et le condamna à dix mois de réclusion dans la prison de Saint-Louis; il le fit passer ensuite en France.  Incarcéré pendant trois semaines, Perrot fut enfin libéré et réussit même, grâce à l'influence de son oncle, à reprendre son poste de gouverneur à Ville-Marie jusqu'au 10 avril 1684. On lui confia alors le gouvernement de l'Acadie, puis celui de la Martinique où il mourut vers 1690.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.