Arrivée à Montréal de Mgr Bourget et de deux Frères de la Charité, le 22 décembre 1865.

Le chanoine Pierre-H. Triest, né à Bruxelles, le 31 août 1760, et décédé le 24 juin 1836, fut le fondateur des Frères de la Charité. On le surnomme le Vincent de Paul de la Belgique. Il fonda d'abord des orphelinats et des écoles gratuites, puis il institua, en 1803, la Congrégation des Sœurs de la Charité.
Voici la mission de cette congrégation : soulager les vieillards, les infirmes, les aliénés; héberger les ouvriers pauvres; élever et instruire les enfants de toutes conditions et spécialement les orphelins, les jeunes délinquants, les sourds-muets, les aveugles, les arriérés, etc.

M. Olivier Berthelet, le grand philanthrope montréalais, avait fondé le refuge Saint-Antoine, en 1859, pour les vieillards, les orphelins et les enfants vagabonds. En 1864, Mgr Bourget s'arrêta en Belgique et obtint 4 religieux des Frères de la Charité, qui arrivèrent à Montréal, le 22 février 1865. Ils venaient prendre la direction de l'asile Saint-Antoine qui était dans une situation précaire.

À l'arrivée des Frères, il y avait en tout 8 personnes dans l'hospice; deux mois après, on en comptait 40. Il fallut trouver un nouveau local. M. Berthelet acheta rue Dorchester une vaste maison entourée d'un grand terrain où les Frères s'installèrent le 10 mai 1865. Les ressources étant insuffisantes; le frère Eusèbe, directeur local, plaida si éloquemment la cause des miséreux auprès du supérieur général des Frères de la Charité que ce dernier envoya deux nouveaux Frères qui arrivèrent à Montréal, le 22 décembre 1865, en compagnie de Mgr Bourget.

Après de longues négociations avec le gouvernement de la province de Québec, l'École de Réforme fut fondée. Le 16 janvier 1873, l'institution recevait 74 détenus de l'École de Réforme de Saint-Vincent-de-Paul et le lendemain 64. Après avoir libéré de leurs chaînes les jeunes prisonniers, les Frères les conduisirent au réfectoire où un bon repas leur fut servi. "C'est la salle à manger des gardiens?" dit l'un des détenus. - "Non, c'est le réfectoire des élèves.", répond l'un des Frères. Ces témoignages de confiance et de charité gagnèrent les jeunes élèves et on n'eut qu'à se féliciter de la nouvelle façon de procéder.

L'asile Saint-Benoît-Joseph, à la Longue-Pointe de Montréal, fut aussi fondée en 1884 pour recevoir des aliénés, des épileptiques, des morphinomanes et des alcooliques; de nombreux patients y recouvrent la santé. Les Frères de la Charité ont aussi sous leur direction plusieurs écoles dans diverses localités de la province.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.