Bataille des Plaines d'Abraham, le 13 septembre 1759.

Il y avait déjà deux mois qu'on luttait désespérément autour de Québec.  Septembre était arrivé; Wolfe, craignant des tempêtes de l'automne pour ses vaisseaux, avait convoqué son conseil de guerre et résolu de lever l'ancre pour le retour dans la nuit du 20 septembre.   Toutefois, on décida de tenter encore un effort suprême : on escaladerait l'Anse-au-Foulon.

Dans la nuit du 12 au 13 septembre, à 2h. du matin, les premières chaloupes chargées de soldats se dirigent vers le lieu du débarquement. 
- "Qui vive!" crient les sentinelles.
- "France! bateaux de vivres; ne faites pas de bruit, les Anglais pourraient nous entendre." répond une voix.
Peu après, les Anglais escaladaient la falaise et atteignaient le sommet sans encombre.  Vergor, l'ami intime de Bigot, était chargé de défendre le poste situé au débouché du sentier; le triste commandant dormait dans son lit où on le fit prisonnier.  Au lever du soleil, l'armée anglaise, forte de 4,800 hommes, était rangée en bataille sur la falaise.

Montcalm, qui a appris la présence des Anglais sur les plaines d'Abraham, accourt en hâte et veut brusquer l'action; il caresse l'espoir de culbuter les Anglais au bas de la falaise.  Vers les 10h, avec 4,000 hommes dont 2,000 réguliers, il s'élance à l'attaque; arrivé à une demi-portée de fusil des Anglais, il ordonne le feu; cette décharge précipitée produisit peu d'effet.  De leur côté, les Anglais avancent de quelques pas, s'arrêtent et font une décharge générale.  Leurs fusils chargés de deux balles font des trouées sanglantes dans les rangs de l'armée de Montcalm et y jettent le désordre.  Wolfe donne alors l'ordre de charger à la baïonnette; le centre français, composé de réguliers, est mis en fuite.  Les Canadiens, abrités par un petit bois, tiennent bon et retarde la poursuite, ce qui donna aux fuyards le temps de rentrer en ville ou de se diriger vers la rivière.  Trois attaques consécutives délogent enfin les Canadiens qui se reforment au bord de la côte d'Abraham et repoussent encore quelques attaques, mais enfin, ils doivent céder.  À midi, la partie était perdue pour les Français.

Des deux côtés, on comptait 600 à 700 morts et blessés, parmi lesquels se trouvaient Wolfe et Montcalm.  Le premier, d'abord légèrement, fut atteint à la poitrine et tomba.  Il mourut sur le champ de bataille.  Montcalm, blessé mortellement en cherchant à rallier ses troupes, fut conduit à Québec où il mourut le lendemain matin, à 4h. Il avait 49 ans.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.